« Wild » de Cheryl Strayed
Parce qu’on a tous déjà écrit un carnet de voyage mais qu’il faut être honnête, on ne gagnera pas de prix de littérature pour ça, alors que celui de Cheryl Strayed, on le lirai bien plusieurs fois. Un peu gros, mais on ne regrette pas de l’avoir mis dans le sac à dos!
Par Marine
Carnet de lecture de Wild de Cheryl Strayed
Récit autobiographique, Wild nous entraine dans les pas de l’auteure sur les 1700 km de la portion californienne du Pacific Crest Trail. Après le décès de sa mère, un divorce et une addiction à l’héroïne, Cheryl a besoin d’une vraie rupture pour se retrouver et se reconstruire. Pour ça, elle choisit de partir seule sur les sentiers du Pacific Crest Trail, sans vraiment de connaissances de la randonnée.
Parce que maintenant que tu as un matelas de 300g et que tu coupes ta brosse à dents pour que ça pèse moins lourd (si si on le sait), tu as oublié tes débuts en randonnée avec du matos prêté, un sac de couchage plus lourd que ta tente, des grosses qui te filent des ampoules et un sac qui te cisaille les épaules. Et c’est ça que Cheryl raconte, de façon simple et si vrai qu’on s’y retrouve. C’est un condensé de tout le plaisir de la randonnée, les paysages sublimes et les rencontres magiques tout comme le sac à dos et les pieds qui font mal, les gens relous ou le « mais qu’est-ce que je fais là?!!! ». C’est bourré d’anecdotes souvent drôles et on suit avec grand plaisir l’auteure sur les sentiers.
Mais la puissance du récit, se sont les mots que met Cheryl Strayed sur la violence et la peur du face à face avec soi-même. La marche est entrecoupée de flashback sur des périodes plus ou moins douloureuses qui donnent toute la profondeur au cheminement intérieur de l’auteure qui accompagne sa progression physique.
Wild c’est d’abord un très beau livre sur le plaisir de la marche, mais surtout sur le chemin pour se retrouver soi-même.
Citation issue de Wild:
« J’ai rempli mes deux gourdes d’un litre au robinet de la salle de bains avant de les glisser dans les filets de chaque côté du sac. Puis j’ai extirpé la poche à eau coincée au fin fond du compartiment principal et je l’ai remplie elle aussi au maximum. Elle pouvait contenir dix litres, ce qui signifiait que, sans savoir combien mon sac pesait ce jour-là, j’avais déjà douze kilos rien qu’en liquide. Douze kilos pas du tout maniables. La poche à eau, une sorte de gros ballon mou, s’affaissait, se repliait sur elle-même et me glissait des mains, échouant sur le sol chaque fois que j’essayais de l’attacher à mon sac. Heureusement, elle était entourée de sangles ; avec beaucoup d’efforts, j’ai commencé à passer les tendeurs dans celles-ci, à côté de l’appareil photo, de la tasse isotherme et de la lanterne, jusqu’à en avoir tellement marre que j’ai balancé la tasse à travers la pièce.
Enfin, tout s’est retrouvé en place et le calme m’a envahie. J’étais prête à commencer. J’ai mis ma montre, passé la sangle Néoprène rose de mes lunettes de soleil autour de mon cou, posé mon chapeau sur ma tête, et regardé mon sac. Il était à la fois énorme et compact, avec un côté adorable mais aussi une arrogance qui m’intimidait un peu. Il avait quelque chose de vivant ; en sa compagnie, je ne me sentais plus toute à fait seule. Lorsqu’il était debout, il m’arrivait à la taille. Je l’ai attrapé et je me suis penchée pour le soulever.
Il n’a pas bougé. »
envie de partir sur le Pacific Crest Trail?
Pour ceux qui se disent ouais ok, mais c’est quoi le Pacific Crest Trail? c’est un sentier de randonnée passant par les massifs de la côte ouest de la frontière mexicaine jusqu’à la Colombie-Britannique au Canada. Vous trouverez plein d’infos sur internet mais comme on est sympas on vous met le lien vers le site américain
Et pour ceux qui ont la flemme de lire, Wild a été adapté au cinéma 😉
